28 janv. 2009

Empreinte de voracité

Discussion entre copines. La conversation tourne autour des mecs, des fringues, des mecs, du s-e-x-e, des soldes, des mecs…Une banale conversation de filles!

Il est bientôt l’heure du lunch, on commence à se plaindre. Il serait temps de se sustenter (j’aime bien ce mot…sus-tenter, m’enfin..…)

Puis Patatras, l’une nous sort tout une déclaration choc : Elle n’a jamais faim. On s’écrie! Qu’elle injustice pour nous! De jamais ressentir la faim, ça nous apparaît follement réjouissant!

La mine frustrée, elle nous interrompt et nous intime l’ordre de calmer notre joie. Nous l’avons mal comprise.

Elle n’a jamais le temps d’avoir faim.
Elle prévient sa faim.
Elle l’anticipe. Elle ne la connaît pas. Elle l’a craint.

Parce que sa maman (Ouais, parce que c’est encore la faute d’une maman) en bonne mère, lui donnait toujours une petite collation à glisser dans ses poches. Il ne faudrait pas que tu aies faim en attendant le prochain repas. Parce que sa maman lui offrait toujours un petit goûter en rentrant de l’école (C’était du temps ou il y avait encore des mamans qui étaient à la maison lors de la sortie des classes. Les enfants pouvaient alors écouter Bobino en grignotant une tartine de beurre de pinotte.) Il ne faudrait pas que tu aies faim en attendant le souper. Puis, avant le couché, elle lui offrait deux ou trois biscuits accompagnés d’un grand verre de lait. Il ne faudrait pas que tu aies faim pendant la nuit…

Une phrase qu’elle a fini par enregistrer.

Il ne faudrait pas que tu aies faim..
Ça résonne encore en elle comme une terrible menace. Elle ne sait pas ce qui arriverait alors, mais n’a surtout pas envie de le découvrir.

Cette copine n’est pas obèse. Il est vrai qu’elle est un peu ronde, mais il s’agit probablement du résultat de la maternité & de la quarantaine.

Elle nous a avoué ce qui l’avait motivée à mettre fin à sa dernière liaison. Son nouveau copain se moquait de sa fixation envers la nourriture. Il l’a traitait d’enfant avec ses besoins immédiats.

Le moment décisif s’est produit alors qu’ils étaient en voiture, c’est lui qui était au volant. Elle voulait faire un arrêt. Il lui fallait – de toute urgence- quelque chose à grignoter. Il l’avait rabroué en affirmant qu’elle pouvait bien attendre quelques minutes et avait refusé de s’arrêter prétextant qu’ils étaient en route vers un restaurant, pour un souper d’amis…

Elle nous a expliqué que sur le coup, elle l’a carrément détesté. Puis, avec un peu de recul, elle a réalisé qu’elle ne pourrait jamais faire confiance à quelqu’un qui se moquait de ses besoins.

« Manger, faire le plein de nourriture, ce n’est pas qu’une petite envie passagère, c’est un besoin vital. On peut se moquer des envies des autres, mais on ne s’attaque pas aux besoins des individus qu’on est censé aimer. C’était qu’un sale con d’égoïste. »

Que répondre à cela? Elle a sans doute raison. Il n’y a pas de mauvaises raisons pour mettre fin à une relation qui ne nous convient pas. Il en existe tellement pour rester empêtré là, où on ne voudrait plus être…

Ce qui est certain, c'est que la peur d’avoir faim, la gestion de cette peur et les précautions qu’elle doit prendre pour l’éviter lui pourrissent la vie.

Franchement, ce n’est pas drôle de grandir dans un pays industrialisé comme le nôtre.

Ça cause des problèmes qu’il nous faut traiter une fois adulte.

2 commentaires:

  1. Ben.. faut savoir respecter les autres aussi...

    Moi j'ai peur des foules... Je panique, j'arrête de respirer, ou bien je fais de l'hyperventilation... j'ai chaud, froid, je vois des points noirs et je manque perdre connaissance...

    Le gars qui va se moquer de moi quand ça m'arrive... j'sais pas ce que je ferais... Mais si c'était mon chum... ça ne le serait plus... :o(

    C'est toff les phobies Y_Y

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  2. Caro; Y a des trucs qui sont impossible à tolérer, même s'ils viennent avec le plusse beau mec des environs! Pour moi, le manque de respect en est l'un des principal, alors je te comprends fort bien :)

    Par contre, quand on souhaite être deux ( et heureux à deux) faut aussi être capable de faire la part des choses. Y a des bébittes qui nous appartiennent et y a que nous qui pouvons en venir à bout...

    Ceci dit, je ne fais pas référence à tes phobies...une peur, ce n'est pas rationnel. On a beau savoir qu'il existe peu de chance pour que le pont s'effondre au moment précis ou on passe dessus, ça n'enlèvera pas la peur de le franchir!

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